HISTORIQUE DE LA CIE CHARLES LE BORGNE
LA PLUS VIEILLE COMPAGNIE MARITIME FRANCAISE
Le berceau de la Compagnie Charles Le Borgne se situe e Normandie, à Fécamp d’où est originaire la famille fondatrice Le Borgne. Ce n’est qu’e 1924 que la Compagnie installera son siège social sur l’artère la plus prestigieuse de Paris, les Champs Elysées.
La « Maison » Le Borgne, comme son Président a toujours voulu la nommer est certainement la plus vieille maison d’armement maritime française. Elle a été transmise de père en fils sans interruption depuis 1735 vivant de ses seules ressources et sans aide des capitaux de l’Etat.
A la direction de la Compagnie se sont succédés :
1735 – 1759 Charles Jean Le Borgne
1759 – 1786 Charles Guillaume Le Borgne
1786 – 1825 Charles Le Borgne
1825 – 1848 Augustin Le Borgne
1848 – 1891 Augustin Charles Le Borgne
1891 – 1902 Augustin Le Borgne et ses fils
1902 – 1943 Charles Le Borgne
1943 – 1978 Jacques Joubert (Gendre de Charles Le Borgne)
1978 – 1986 Philippe Joubert
Au cours des périodes troublées de l’Histoire, ses vaisseaux furet amenés à combattre, notamment au XVIIIe siècle comme corsaires du roi, ensuite sous le Premier Empire, et enfin pendant les deux grandes guerres de 1914-1918 et de 1939-1945. A noter que pendant la 1° guerre, cinq navires de la Compagnie furet coulés et trois navires furent cités à l’ordre de la Nation pour leur action dans le combat contre les sous-marins allemands : « Saint Antoine de Padoue », « Radium » et « Charles Le Borgne ».
C’est Augustin Le Borgne qui, succédant à son père, utilisera un certain nombre de navires au long cours. C’est également lui qui armera quatre navires pour la pêche lointaine à Terre-Neuve. La Société Fécampoise de Pêche, en pleine appartenance à la Compagnie Charles Le Borgne, sera ainsi créée.
Se retirant en 1902, Augustin Le Borgne transmet la direction de l’entreprise à ses deux fils, Augustin & Charles, qui administreront la Société Le Borgne Frères. C’est à cette époque de prospérité du port de Fécamp que les Frères Le Borgne vont créer une usine de séchage de morue de conception entièrement nouvelle qui commercialisera la morue sous le label « Le Corsaire » et qui va permettre aux navires de Terre Neuve et d’Islande de revenir directement à Fécamp pour faire sécher leurs poissons au lieu de se diriger comme autrefois vers Bordeaux ou le midi de la France.
A cette période également est armé le premier navire chalutier à vapeur de Fécamp partant en campagne pour Terre Neuve et l’Islande, avec utilisation dorénavant de guindeaux à moteur et de sennes tournantes, représentant une modernisation évidente pour la pêche.
En 1908, Augustin Le Borgne en accord avec son frère Charles, se retire de l’association pour prendre en charge une activité de travaux publics. Charles le Borgne assume seul ensuite la direction de la Compagnie.
En 1919, l’entreprise se classe au premier rang des maisons d’importation de charbon. Le tonnage s’élèvera jusqu’à un million de tonnes par an. Elle saisit l’opportunité à cette époque de créer des usines d’agglomérés à Saint-Malo, Saint-Servan, Nantes et Rouen et va fabriquer environ 300 000 tonnes annuellement de briquettes et de boulets.
En 1924, Charles Le Borgne se tourne vers la Méditerranée et fait l’acquisition à Port-Saint-Louis du Rhône de vastes entrepôts et terrains. La Compagnie va devenir ainsi propriétaire d’environ 80% des terrains, bâtiments et habitations de ce port. Cet épisode va marquer l’installation profonde de la Compagnie Charles Le Borgne dans le sud car en même temps d’autres succursales seront ouvertes à Alger et Oran qui permettront l’exploitation de sa première ligne de transport maritime réguliers en Méditerranée. Viendront ensuite les succursales de Marseille, Lyon et pour l’Algérie, de Philippeville, Bougie et Bône, devenues maintenant respectivement Skikda, Bejaia et Annaba.
En 1929, sera créée la succursale de Rouen qui sera suivie de celle de Boulogne sur Mer en 1933 et des agences de Dunkerque, Calais et Brest. Six lignes maritimes furent ainsi créées à terme dont deux au départ de Rouen vers le Maroc et l’Algérie, les autres desservant l’Algérois et la côte Est algérienne ou l’Oranie depuis Marseille et Sète.
De nouveaux navires seront commandés dont certains aux chantiers navals canadiens, « Joséphine Le Borgne » et « Charles Le Borgne ». Les autres viendront des chantiers Dubigeon près de Saint-Nazaire. Il s’agira des navires : Marie-Thérèse Le Borgne, Marie-Agnès Le Borgne, Pierre Le Borgne, Augustin Le Borgne, Marie Louise Le Borgne, Charles Le Borgne qui seront employés en Méditerranée entre l’Algérie (Oran, Mostaganem, Alger, Bône et Philippeville), les ports espagnols et les ports de Sud-France (Port-Vendres, Port-La-Nouvelle,Sète, Port-Saint-Louis du Rhône et Marseille) et du navire Alberte Le Borgne qui sera en ligne sur Rouen, Casablanca, Alger et Bône.
Après l’indépendance de l’Algérie et la nationalisation des sociétés étrangères, la Compagnie devra se replier en France, abandonnant ses points d’implantation et rapatriant son personnel vers les succursales de la métropole. Le Président, Monsieur Jacques Joubert, après une tentative infructueuse de desserte de la Corse par ses navires, préfèrera alors vendre sa flotte et reconvertir partiellement son activité en agences maritimes, créant en cela un réseau de 17 agences dans les principaux ports français.
Pour l’histoire, et compte tenu de l’excellent état d’entretien des navires, ceux-ci trouveront immédiatement acquéreurs dans différents pays. Ainsi, l’Alberte Le Borgne passera sous pavillon saoudien, tandis que l’Augustin le Borgne sera acquis par la Compagnie Marocaine de Navigation qui le rebaptisera « Sidi Slimane », de leur coté, le Marie-Louise Le Borgne et le Marie Thérèse Le Borgne, derniers navires vendus, devenant après modifications spécialisés dans le transport de bestiaux auprès de l’armement hollandais VROON de Breskens qui les renommera respectivement « Shorthorn Express » et « Holstein Express ». Ceci marque la fin de l’épopée armatoriale en avril 1974.
Il faut rappeler que Monsieur Jacques Joubert s’est toujours refusé à suivre la tendance économique de l’époque qui va conduire beaucoup d’armateurs à mettre leurs navires sous pavillon de complaisance étranger (Panama ou Chypre) avec des équipages du tiers monde afin de compenser les surcoûts supportés par les marines européennes.
En 1986, après le décès du Président Jacques Joubert et compte tenu des difficultés de plus en plus importantes de la vie portuaire et maritime en général, la succession décidera de vendre la Compagnie Charles Le Borgne à la CGM (Compagnie Générale Maritime), plus exactement à la S.T.I.M. et ce, par l’intermédiaire de la Financière de l’Atlantique, société holding du groupe CGM. La S.T.I.M. transfèrera ultérieurement l’acquisition comme il était initialement prévu à la Compagnie Générale Maritime (C.G.M.)
Le nouveau propriétaire C.G.M. (Compagnie Générale Maritime) bien que Compagnie nationale et se trouvant dans un état de santé délicat, décidera la revente par activité de la Compagnie Charles Le Borgne à partir 1/1/1991. La société CLB LINER, agence maritime de lignes régulières sera ainsi créée à cette date et passera par revente sous le contrôle du Groupe SAGA le 1/4/1991.
Dans le même temps, les autres branches d’activité, telles le tramping, le transit et le camionnage resteront sous l’appellation Charles Le Borgne S.A. d’abord en location gérance par WJ Services (joint venture entre le groupe Worms et la SAGA) puis en appartenance à ce même groupe SAGA.
CLB LINER est donc la branche Agence de Lignes, qui a pour vocation première la représentation des Armements étrangers escalant dans les ports du Havre et pour la Méditerranée de Marseille/Fos, de Sète dans le cadre de la Ligne Régulière pour tous types de marchandises (roulants, divers et conteneurs).
Dernier épisode d’une longue saga familiale, le groupe SAGA revendra l’agence de ligne CLB LINER le 27/9/1997 au groupe financier SO.FIN.CO déjà propriétaire de ombreuses activités dans le domaine des transports maritimes et terrestres. Cette nouvelle tutelle va redonner un souffle de dynamisme à une structure très malmenée ces dix dernières années.
Dernières précisions, SO.FIN.CO, en raison de son homonymie avec l’établissement financier du même nom, change de raison sociale le 1/10/1998 pour devenir NAXCO dont le siège est basé à Levallois-Perret.
NAXCO est à ce moment-là le premier groupe privé maritime français avec un personnel total voisin de 750 employés et est propriétaire d’environ 30 sociétés, toutes à vocation maritime, qu’il s’agisse de pur transport maritime de ligne, d’activité de consignation au tramping, de transport terrestre et logistique. Elle est propriétaire entre autre d’une société « NAXCO Logistique » possédant une importante flotte de tracteurs et châssis. La zone d’activité du groupe NAXCO s’étend à la France, à la Suisse, à la Belgique ainsi qu’aux Antilles.
CLB LINER a réussi depuis ce dernier rachat par le groupe NAXCO à retrouver son entière activité puisque la société traite maintenant également les opérations de tramping sous son nom premier « Compagnie Charles Le Borgne », retrouvant ainsi sa pleine vocation d’agence maritime du début du XX° siècle. Les familles fondatrices Le Borgne et Joubert n’apparaissent plus du tout dans la société mais l’image de la Compagnie reste très vive dans le monde maritime en général.
Fin de l'activité tramping au 31/12/2003. Seule subsiste la représentation de Lignes régulières de par la volonté de NAXCO qui souhaite rationaliser et répartir les activités entre ses filiales.
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